Nouvelle tension franco-tunisienne
De Gaulle aurait refusé de recevoir M. Bourguiba fils
Le populaire, 22 septembre 1960
Le gouvernement tunisien a rappelé son ambassadeur à Paris en consultation. Le fait n’est pas nouveau, déjà connu de tels incidents. Mais le motif est plus original, puisqu’il semble bien qu’il s’agisse d’une conséquence d’un geste du président de Gaulle ayant pour but de donner une leçon à la Tunisie.
L’ambassadeur tunisien à Paris est le propre fils de M. Bourguiba. Ce choix a toujours été considéré comme le signe de l’importance qu’attache le pouvoir tunisien du poste diplomatique de Paris. Au début de la semaine dernière, M. Habib Bourguiba fils est arrivé à Paris en annonçant qu’il avait un message de son père à remettre au président de la République. Il est reparti hier soir sans avoir pu le faire. Que s’est-il passé ?
Du côté tunisien, nous avons la version de M. Bourguiba fils lui-même. La voici : « Quand je suis arrivé de Tunis le 13 septembre, j’ai annoncé que j’étais porteur d’un message du président de la République tunisienne au général de Gaulle. J’ai demandé une audience à cet effet à l’Elysée. Il m’a été répondu que cette audience ne paraissait pas opportune et que le message pouvait être remis au Quai d’Orsay. Ayant estimé qu’un message de chef d’Etat à chef d’Etat ne pouvait souffrir d’intermédiaire, j’en ai rendu compte à mon gouvernement qui m’appel aujourd’hui en consultation et à qui je rendrai compte plus complètement et plus explicitement de ma mission. Il appartient évidemment au gouvernement tunisien de décider de la situation diplomatique qui peut résulter de cet état de choses. C’est de Tunis que je repartirai pour rejoindre à New York la délégation tunisienne à l’ONU.
Du côté français, on se déclare étonné. Si l’on s’en réfère à un commentaire fourni par l’Agence France-Presse « on précise que s’il y avait réellement eu un message du président de la République tunisienne, M. Bourguiba junior aurait été reçu par le général de Gaulle quels qu’aient été l’objet et la forme de ce message ».