Tahar Belkhoja au journal « Temps »
La torture n’a pas droit de cité en Tunisie
Le Ministre, le problème de la vie pénitentiaire est à l’ordre du jour un peu partout dans le monde. La perception de la prison a changé dans beaucoup de pays.
Qu’en est-il en Tunisie ?
Au niveau structurel, je vous dirai que le fait important a été le passage de la gestion des prisons tunisiennes des mains de la police à celles de la direction des services pénitentiaires. Par ailleurs et depuis janvier 1974, le Ministère de l’Intérieur a pris en charge les centres de rééducation qui dépendaient des ministères des Affaires Sociales et de la Justice, et ce dans le but d’organiser une politique globale de la gestion des prisons. En effet on ne pouvait continuer à grouper les délinquants à l’emporte pièce.
Il y avait une différenciation à faire, une classification des catégories de détenus selon des entières scientifiques et objectifs, afin de procéder à la rééducation qui s’impose pour chaque catégorie.
Il est évident que tous les délinquants se regroupent du fait d’avoir agi contre la société. Mais il a des degrés dont il faut tenir compte. Pour revenir à l’esprit de la réforme, il ne faut pas oublier que les détenus ont été condamnés par la justice pour infraction à la loi, pour atteinte à l’ordre public et social, il faudrait qu’ils le sentent. Il est évident que la privation de liberté est la chose la plus dure pour l’homme. Mais la période de privation de liberté permet aux délinquants de réfléchir et de penser à leur avenir.
Notre rôle est de les aider à ne pas récidiver, à se convertir. Ce qui nous est demandé, c’est d’étudier cas par les dossiers des détenus. Il ne s’agit plus de mettre tout le monde dans le même sac, mais d’opérer les méthodes de réduction pour chaque catégorie de délinquants. Ceci est important car si on ne corrige par le détenu au cours de la période de détention, c’est un récidiviste en puissance que nous replaçons dans la société à sa libération. Pour cela nous avons séparé les femmes des hommes. C’est moi qui ai déplacé en 1968 les femmes de la prison civile de Tunis à la Manouba. Ceci nous l’avons fait avec les moyens du bord sans recourir à de nouveaux moyens financiers et humains.
…Le progrès économique et social entraîne toujours, un déracinement. Des besoins nouveaux sont secrétés. Les ambitions humaines se développent, et quand elles ne sont pas contrôlées et réprimées au niveau du libre arbitre, au niveau du choix individuel, elles finissent par provoquer des excès, ce qui engendre l’atteinte à la vie communautaire, aux droits d’autrui, en un mot à l’ordre public. C’est ici que se pose le problème de l’éducation civique des jeunes.
Notre système éducatif doit malheureusement pallier aux défaillances des parents. L’éducation doit être développée à partir du primaire, à l’école.
…Pour les services de la police qu’on met de plus en plus au service des citoyens, nous prescrivons la tolérance. Si vous savez le nombre de délits mineurs que nous résolvons par la souplesse, à l’amiable sans qu’ils passent par la justice vous serez édifiés sur la question.
…Une fois le délinquant condamné, il s’agit de le recycler. C’est pour cela que nous avons entrepris l’humanisation des prisons. Aujourd’hui la santé est garantie pour les détenus.
…Ceci nous a permis de tirer le monde de la détention de l’oisiveté et la solitude.
…La période de détention servira à mettre en valeur des terres agricoles. Ceci se fait déjà du côté de Gafsa et Saouaf.
…La fiche n°3 ne doit pas un être un préalable à l’octroi d’un emploi.
…Mais je ne pense pas que la peine de mort puisse avoir un caractère exemplaire.