« Pour la vérité » par Mohamed Masmoudi (22 avril 1970)

Le Pour la vérité
Par Mohamed Masmoudi

Jean-Marie Domenach vient de plaider avec autant de talen que passion pour Ben Salah. L’auteur du remarquable ouvrage le retour de tragique a mis son « esprit » et sa plume au service d’ »un  homme qu’il voudrait aider dans son malheur ». voilà qui procède de grands sentiments. Mais pour la Tunisie et les tunisiens, victimes de cet homme et de ses phantasmes… nulle trace  de cette générosité et de cette rigueur dans la réflexion qu’on trouve dans la pensée et dans l’action de J-M. Domenach. Voilà qui n’est pas conforme aux grands principes d’exalte  l’héritier d’Emmanuel  Mounier. Même cette espèce de courage qui le caractérise si bien, celui de connaitre d’aller à la vérité sans préjuger . J-M. Domenach enseigne cette leçon de Mounier « connaitre est destin tragique. » pourquoi ne s’est-il pas rendu lui-même en Tunisie pour y connaitre la situation tragique créée par Ben Salah ? a-t-il peur de « lutter avec la vérité », de déranger ses convictions d’homme de gauche, d’ètre amené à plaider contre Ben Salah, coupable d’avoir dressé contre le socialisme les coopératives et les tunisiens, une véritable machine de guerre … une machine patiemment, savamment montée avec un maquillage réussi et une technique parfaite  de truquage, le tout destiné à dissimuler des pratiques louches(malversation, fraudes, intimidation, chantage,etc..). sans doute, certains experts étrangers largement payés du reste sous forme de contrats d’Etat, ont-ils et aidé l’action de Ben Salah.
Un camouflage
Présenter aujourd’hui cette action comme une tentative  de »socialisme à visage humain », voilà qui montre que l’entreprise de Ben Salah est aussi diabolique que trenpeuse, puis –qu’elle a surpris la bonne foi de J-M. Domenachaprés celle des tunisiens et du président Bourguiba. Celui-ci, tout aussi acquis au socialisme à visage humain » que J-M. Domenach lui-même, n’avait ménagé à son ancien  ministre de l’économie ni sa confiance ni son soutien.
En fait il s’agit bien de tout autre chose que de socialisme .
Depuis plus de trois ans, depuis surtout l’acciden t carqiaque du président Bourguiba, Ben Salah savait qu’il était acculé à l’échec, que sa vaste entreprise de camouflage commençait à craquer et qu’elle ne réussirait pas à ,cacher plus lengtemps ses procédés. Il savait que la situation en Tunisie  devenait explosives. Ne peut-on lui appliquer ce qu’écrivait  J-M. Domenach lui-même dans son livre le Retour du tragique : »le droit est devenu violence , la vérité mensonge, la socialisme social-démoccraite : agrégat de bonnes paroles, d’opinions complaisantes, de relations mondaines, accouplements tentaculaires de protections et de servilités, de petites violences et de petites peurs… » ? une situation telle ou Ben Salah de plus en plus fou d’orgueil et de pouvoir »donnait la main- je cite toujours le livre de J-M. Domenach, décidément prochétique bien qu’en l’écrivant il ne sengeait évidemment pas alors à Ben Salah- aux brigands irresponsable… et privalait (ses) attitudes sur l’amitié, la justice, le dévouement…  comme d’autres prélévent l’argent sur le sang des pauvres… (ces attitudes) signifient toutes l’absence de l’homme », comme dit encore avec d’autres exemples en tète, J-M. Domenach, Ben Salah n’avait plus le souci( s’il la jamais eu… ) de la justice, de la dignité , de la personne humaine et du socialisme à « visage humain ».
En surface oui, mais simplement sous forme d’écume, de grimaces et de clowneries irisées de belles paroles et de grands mots…
Tel un paon qui, perdant ses plumes, contunuait à donner de la griffe et du bec. Son système de coopérative, mis à nu, nettoyé de ses maquiallge , tournait de plus en plus à vide. Acculé à son propre exercice, cela donnait » la coopérative pour la coopérative et Ben Salah pour Ben Salah » (comme il y a l’art pour l’art).
Sous couvert de socialisme
Désormais, il ne lui restait plus que d’enkyster au flan du parti et du pouvoir son système avec ses hommes et leurs tares. Il ne pouvait s’en sortir qu’en confisquant l’appareil du parti et celui de l’Etat pour continuer sa besogne et créer l’ « irréversible », coute que coute, au besoin par la répression.
Chaque jour Ben Salah, victime de ses propres  machinations, s’enlisait un peu plus dans la bureaucratie et se livrait au jeu facile du verbe et du la haute voltige financière. Le secteur privé et le secteur étatique, devait s’étendre et se gnéraliser, non pas parce qu’il était attractif et exemplaire, mais parce qu’il permettait aux arrivistes et aux irresponsables de s’infiltrer davantage dans le système, pour organiser les complicités en accumulant les échecs, dans l’impunité et avec autant d’insouciance que d’insolence.
Plus une coopérative, une entreprise publique, était en difficulté et plus surement ses dirigeants devenaient les clients complices de Ben Salah et les défenseurs du » socialisme pur et dur » contre les détracteurs, les réactionnaires et autres  saboteurs du parti(sic).
Ainsi, sous couvert de socialisme et de coopérative, on tuait les rapport sociaux, le vol, l’humiliation et le chantage on distillait une société caractérisée par le désespoir, la violenceet la négation.
Dans le Sahel, région de petites propriétés et fief du Néo-Destour, la colère grondait. A Mseken comme à Ouardednine, les hommes clients de Ben Salah exerçait la terreur ; la population réagissent contre leurs coopératives. Passant outre aux ordres stricts que le président Bourguiba, alors absent de Tunisie, faisait parvenir par l’intermidiaire de M.Bahi Ladgham, alors secrétaire d »Etat à la président, au gouverneur de Sousse, celui-ci, sur instruction de Ben Salah, faisait tirer les troupes sur les manifestants et tuait les sahéliens pour mieux les mater et avoir la paix par la terreur ailleurs. D’autres gouverneurschoisissaient parti parmi les responsables accommodans des coopératives.
Accapare le pouvoir
Tels sont les faits et leur évolution durant ces dernières années. Ben Salah le savait, mais jamais, ni au président Bourguiba ni aux membres du bureau politique, il n’a osé les rapporter. Aux rumeurs alarmantes qui nous parvenaient sur l’état de la nation il opposait avec superbe le démonti le plus catégorique et présentait ses thèse mensongères sous forme de statistiques falsifiées et de vérités chifrées.
Tout l’administration économique et financière était sous ses ordres. Les services de promotion et de contrôle dépendaient de lui directement. Nous nous pensions à l’efficacité et à l’unité d’action, et lui aux moyens accrus qui lui assuraient d’accaparer le parti et le pouvoir. Nous, nous jouions le jeu et lui trichait.
Que pour la commodité de ses conviction d’homme de gauche J-M. Domenach plaide à sa manière le procés Ben Salah, c’est son affaire. Mais qu’il fasse à la Tunisie et aux tunisiens un procés de contumace… à huit clos … sans autre pièce que ses propres  préjugés et sans autres témoins que le propre frère de Ben Salah, venu spécialement de Tunis pour le « mettre au parfum «  voilà qui n’est conforme ni l’héritage de Mounier , ni aux leçons que  J-M. Domenach professe ni l’amitié qu’il veut bien continuer à afficher pour la Tunisie.
Notre affaire à nous, c’est c’est effectivement l’affaire Ben Salah. Elle sera ce qu’elle devra ètre sur le plan judiciaire, devant la haute cour qui en est saisie, et sur le plan politique, devant notre peuple qui en a souffert et qui aura à la miditer pour éviter qu’elle ne puisse se répéter.
Démocratie spontanée
Depuis déjà la mise à l’écart de Ben Salah, depuis sa comparution devant la haut cour surtout , une sorte de démocratie spontanée est venue irriger tout le corps social tunisien pour lui redonner élan, vigueur et gout au travail. Les tunisiens se sentent différents et comme de nouveau libérés, affranchis. Ils ont l’impression de redécouvrir leur parti, leur chef et de renaitre à,la vie militante pour participer à cette action socialisante  que leur mouvement « néo » n’a cessé d’aminer depuis 1934, hors des schémas d’emprunt et des querelles stériles d’idéologie.
Jamais les Tunisiens n’ont exercé avec autant de ferveur leur droit « à communiquer » et leur devoir de citoyens concernés et respensable. Tout cela nous oblige pour le présent et pour l’avenir et éclaire notre recherche en vue de promouvoir une Tunisie meilleure.
Pour faire face à nos reponsabilités , nous n’avons pas l’habitude d’avoir des manière »honteuse », encore moins d’escamoter les problèmes et les hommes. C’est au grand jour que nous sommes décidés à combattre les procédés sournois, quel qu’en soit les auteurs.

Le Monde 27 Avril 1970

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