M. Cove de Murville, Ministre des Affaires étrangères,
au Représentants diplomatiques de France à l’Etranger.
T. circulaire n°37
Paris, 1er mars 1961, 23 h. 55.
Au cours des entretiens que le général de Gaulle a eus le 27 février au château de Rambouillet avec M. Bourguiba, président de la République tunsienne, les deux chefs d’Etat ont procédé à un très large tour d’horizon qui a porté notamment sur les relations franco-tunisiennes, sur la question algérienne et sur le Moyen-Orient ainsi que sur l’évolution de l’Afrique.
Les deux chefs d’Etat ont été d’accord pour constater que l’état actuel des relations franco-tunisiennes était satisfaisant. Ils ont examiné de façon générale les problèmes qui se posent entre les deux pays et dont aucun ne présente un caractère aigu.
Ont été évoqués en particulier :
– la question de la base aéronavale de Bizerte où le gouvernement français continuera de transférer aux autorités tunisiennes certains établissements qui ne sont plus nécessaires à nos forces, tandis que la reconversion des installations industrielles de l’arsenal de Sidi Abdallah est l’objet d’une négociation qui paraît en bonne voie ;
– la demande tunsienne de rectification de frontière dans le Sud et la question de la participation de la Tunisie à la mise en valeur du Sahara :
– enfin, le problème des terres appartenant aux Français, et notamment l’exécution en cours de l’accord du 13 octobre 1960 par lequel nous nous sommes engagés à faciliter le transfert de 100.000 hectares au gouvernement tunisien.
Ces problèmes devraient normalement trouver leur solution le moment venu.
Les deux chefs d’Etats ont d’autre part convenu de procéder à l’échange d’ambassadeurs dès qu’un règlement de l’affaire du mur de La Marsa aurait été mis au point.
La situation en Algérie a fait l’objet d’un échange de vues prolongé entre les deux interlocuteurs. Ceux-ci ont évoqué les récents développements qui paraissent de nature à ouvrir la voie à un règlement : approbation massive du principe de l’autodétermination par la population française lors du référendum du 8 janvier, dispositions apparemment plus favorables des dirigeants du G.P.R.A. à l’éventualité de contacts pacifiques. L’entretien a donné l’occasion au général de Gaulle de réaffirmer la position française, selon laquelle la préparation de l’autodétermination devait se poursuivre par la négociation avec toutes les tendances des populations algériennes, et en particulier avec les représentants du F.L.N. Au terme de cet échange de vues, les interlocuteurs ont été d’accord pour constater les possibilités et l’espoir qui existent désormais d’une évolution positive et rapide.
Le général de Gaulle et le président Bourguiba ont enfin échangé leurs vues sur la situation actuelle et les perspectives d’avenir dans le Moyen-Orient et en Afrique noire. Ils sont tombés très largement d’accord en ce qui concerne notamement leur analyse de l’équilibre des forces au Moyen-Orient, de la politique de la R.A.U. et de la personnalité du président Nasser.
D’autre part, le général de Gaulle et le président Bourguiba ont constaté qu’ils partageaient les mêmes craintes au sujet des risques d’anarchie qui existent en Afrique noire.
(Doc. diplomatiques françaises 1961)
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