Notice individuelle établie par le juge au tribunal militaire
de Guerin du Cayla juin 1939
concernant Habib Ben Ali Hadj Mohamed BOURGUIBA
II est dépeint dans des lettres écrites par un de ses cousins, médecin, connue caractère entier, rebelle aux conseils, prétentieux, susceptible, méfiant, jongleur de mots, poltron, ayant un art de feindre admirable.
Il est, sinon le plus intelligent de tous les leaders, du moins un des plus violents, des plus acharnés contre la France et les Français et aussi le plus ambitieux; sa maxime est : « de l’audace, c’est le meilleur moyen de se faire craindre et respecter » (lettre à Hédi Nouira du 12 novembre 1936). Il est celui dont l’éloquence a trouvé le plus de crédit auprès des masses. C’est le maître, le grand lutteur (dossier Bourguiba, cote 71 133).
Élève du Collège Sadiki, puis du Lycée Carnot, il est allé faire ses études de droit en France de 1924 à 1927, il s’est installé en Tunisie à cette époque.
Il a confessé dans une lettre de 1925, qu’il avait toujours été partisan de la politique d’offensive adroitement conduite, du ton menaçant, violent même parfois, mais surtout tout à fait digne.
Il a fait du journalisme à partir de 1930. Il a écrit successivement dans « l’Étendard Tunisien », puis dans « La Voix du Tunisien » (Chédiy Kairallah). Il est déféré en justice à la suite d’agitations à l’occasion du cinquantenaire de l’occupation de la Tunisie par la France (dossier cote 5).
En 1932, il fonde avec Bahri Guiga, Materi, M’hamed Bourguiba «l’Action Tunisienne» qui paraît le 1er novembre 1932. Il prend l’administration de « l’Action Tunisienne » en mars 1933 et participe à la campagne contre les inhumations dans les cimetière musulmans, des naturalisés français musulmans (Agitations à Tunis, Bizerte et Monastir, septembre 1933).
Il continue malgré la dissolution du Destour par Manceron en 1933, à en faire partie.
Il a des démêlés en décembre 1933 avec le Destour, et participe de concert avec Materi, M’hamed Bourguiba et Tahar Star, au Congrès du 2 mars 1934 qui marque la scission entre le Vieux-Destour et le Néo-Destour.
Il est Secrétaire Général du Néo-Destour depuis le Congrès du 2 mars 1934.
Il refuse en 1934 de faire partie du Comité de Réforme, que voulait instituer le Résident Général, M. Peyrouton.
Il donne pour cause des sanctions dont il a été l’objet en 1934, les tournées de propagande qu’il a faites à l’époque pour lutter contre le Vieux-Destour.
II avoue que le mouvement néo-destourien a commencé vers septembre 1934 à s’appuyer sur les masses.
Il a déclaré que c’étaient les Vieux-Destouriens qui avaient accrédité la nouvelle que le Professeur Barthélémy avait rédigé avec M. le Professeur Weiss une consultation juridique au sujet du Protectorat tunisien. Il reconnaît qu’il n’a jamais vu le texte original (cote 48) de cette consultation.
Dans une lettre à Hédi Nouira du 30 novembre 1936, il trace en quelques lignes toute sa tactique : « Ils nous est permis de chercher en nous appuyant sur le peuple travaillé par nous dans ce sens, à extraire du régime adject qui nous a été imposé par la force, toutes les possibilités, toutes les virtualités de justice et de liberté qu’il comporter qui seront autant d’étapes vers notre idéal suprême. » (Bourguiba cote 117).
Il déclare avoir toujours envisagé, ainsi que le Parti, l’indépendance de la Tunisie et la substitution aux traités existants, d’un nouveau traité librement consenti entre la Tunisie et la France, mais avec cette réserve, que ces éventualités constituaient un idéal, une ultime étape, que le peuple tunisien en tout cas devait poursuivre son émancipation maigre la France et s’il le fallait contre la France (cette dernière éventualité, étant le résultat d’une vue objective de la situation confirmée par l’expérience et par l’histoire de tous les peuples; contra : Rouissi, Ayachi, Bahri Guiga, Tahar Sfar).
Il affirme que le Parti a toujours été partisan de l’indissolubilité des liens entre la Tunisie et la France, liens de sentiments, de culture et d’intérêts (contra: l’Action Tunisienne n° 250, 251. Brochure) ; qu’il a toujours voulu rapprocher les coeurs et dissiper les préjugés (l’Action Tunisienne n° 235, contra : l’Action Tunisienne n° 193, 248, discours; etc.)
II ne paraît pas avoir beaucoup de logique dans les idées : ainsi, aptes avoir dénaturé le caractère de la constitution de 1861, tant dans son journal que dans sa brochure (page 44) et avoir attaché à cette constitution une certaine importance, il affirme qu’elle relevait plutôt de l’Histoire ou de l’érudition (cote 47), qu’après avoir déclaré qu’il ne s est jamais opposé à l’exécution des lois et règlements, il reconnaît dans le même interrogatoire qu’il avait invité le peuple à se soulever, au cas ou il serait arrêté (cote 54 – voir en ce qui concerne son respect des autorités, l’affaire du Commissaire de Police de Souk El Arba, cote 71 -voir également sa circulaire du 24 juillet 1937 recommandant d’intensifier la propagande malgré le télégramme du Résident du 15 juillet 1937 au sujet des manifestations politiques, cote 154).
Il n’est jamais dépourvu d’argument : dans un discours prononcé le 1er mars 1937 devant le Rassemblement populaire à Paris, où sans dous ses théories n’avaient pas reçu toute l’approbation qu’il escomptait, il a été amené à déclarer: «La France aura toujours le moyen, si elle s’aperçoit que cette nouvelle politique constitue un danger, de revenir arrière » (l’Action Tunisienne du 10 mars 1937).
Il avoue qu’il a signé les deux lettres collectives écrites l’une au Général Azan, l’autre au Résident Général par les exilés de Bordj-Lebœuf, mais que cette dernière lettre ne contient aucune promesse, mais tout au plus un engagement à ne pas faire d’agitation antifrançaise (tontra: Ayachi, Materi, Rouissi), que d’ailleurs l’action du Destour n’avait d’autre but que l’action tracée par le Résident (lutte contre la misère, la maladie, l’ignorance), qu’à l’encontre de quatre de ses camarades, il n’a pas offert de partir en exil mais qu’ayant été menacé d’exil en décembre 1936, il avait demandé à se retirer en Egypte ou en Suisse, ou en Belgique, qu’il n’a jamais cherché à diminuer l’importance de certaines réformes, accomplies par M. Peyrouton (notamment le décret sur la prohibition des ventes forcées des propriétés agricoles – le Décret sur l’accession des Tunisiens aux fonctions publiques – voir Brochure page 34 : lamentable échec – expérience Peyrouton).
Il affirme que l’additif au communiqué résidentiel du 14 mai 1936 rédigé par le Président Materi fait bien corps avec ledit communiqué, et a été rédigé au nom du Parti, d’accord avec le Résident Général lui-même, que cet additif donne par suite au communiqué sa signification exacte, que selon lui ce n’est pas une mesure de clémence mais une offre de collaboration faite au Parti par le Gouvernement (contra : Materi, Ayachi, Brochure page 6).
Il donne au mot colonialisme qu’il considère lui, Habib Bourguiba, comme l’ennemi n° 1, la définition suivante : « Exploitation des peuples sous tutelle. » Cette expression «colonialisme » vise d’une façon concrète d’après lui, aussi bien certains colons que certains fonctionnaires français (cote 56 – sens différent donné par Ayachi).
Il déclare que la campagne contre les naturalisés s’est déclenchée à la Suite d’une consultation du Mufti de Bizerte en 1933, que le Parti n’a engagé aucune campagne contre la naturalisation française, qu’il a donné son point de vue sur la question et accepté de publier les articles qu’on lui adressait sur cette question (cote 88).
Il rejette sur l’intransigeance et l’esprit de domination de Thaâibi, les démêles survenus entre le Vieux-Destour et le Néo-Destour. Il décline route responsabilité du Parti néo-destourien dans les incidents de Mateur (contra: l’Action Tunisienne n° 234).
Il ajoute que le Parti Thaâlbiste rendait très difficile la collaboration du Neo-Destour avec le Gouvernement.
Habib Bourguiba dit que la C.G.T.T. n’était pas un organe du Destour, qu’elle n’intéressait le parti que dans la mesure où elle était une institution tunisienne. Il reconnaît cependant que Guenaoui qui était néo-destourien a eu le premier l’idée de la reconstitution de la C.G.T.T. (cote 106, contra : lettre de Bourguiba à Hédi Nouira, du 23 décembre 1936)
Il affirme que les scouts n’étaient pas officiellement intégrés dans le Parti (cote 105).
Il reconnaît que le Congrès de 1937 a été houleux, mais il déclare que s’il y a eu des discours violents, le Congrès n’est responsable que dès-motions qu’il a votées (cote 105).
Il affirme que le Congrès National de 1937 s’est prononcé à l’unanimité pour le retrait du préjugé favorable au Gouvernement, ainsi que pour la grève de protestation contre la répression déclenchée au Maroc et en Algérie (contra : Bahri Guiga, Materi).
II nie avoir assisté à la réunion préparatoire du 18 novembre 1937, dans laquelle le Comité de propagande a envisagé les moyens d’organiser la grève générale (propagande par persuasion et au besoin par la terreur, mais sans violence, malédictions dans les mosquées, mise à l’index en cas de désobéissance). Il ajoute qu’il aurait désapprouvé ces mesures s’il les avait connues (cote 96).
Il explique que la grève générale de novembre 1937 était un simple avertissement au Gouvernement, à la suite de sa nouvelle politique en Afrique Française du Nord.
Il a déclaré que le Parti n’avait jamais ordonné de prononcer des malédictions dans les mosquées en cas de désobéissance aux ordres de grève (contra: Mongi Slim).
Il a dénoncé dans « l’Action Tunisienne » un pharmacien qui n’avait pas fait grève et a publié la photographie de sa pharmacie[1].
Bourguiba explique que s’il a convoqué au Conseil National des membres qui n’avaient pas le droit de siéger, il avait pris cette mesure pour tâter le pouls du Parti, car il avait, dit-il, remarqué que depuis novembre 1937, l’étau de la répression s’était resserré sur les Destouriens; que « la tension commençait à monter et qu’il pouvait suffire de peu de chose pour que l’irréparable s’accomplisse » (cote 107, 108).
Bourguiba a déclaré que la lettre qu’il avait écrite le 15 mars 1938 à Bahri Guiga alors à Paris, au sujet des décisions prises par le Conseil National de 1938, était tout à fait exagérée; qu’il avait pris sur lui de forcer la note pour stimuler l’indolence de Bahri Guiga; que seuls les procès-verbaux officiels de ce Congrès (qui auraient dû être retrouva chez Mongi Slim), relataient d’une façon exacte ce qui s’était passé à ce Congrès National (Bourguiba, cote 111).
Il se défend d’avoir rédigé la circulaire du 4 avril 1938. Il croit qu’elle est de Mongi Slim; il reconnaît toutefois qu’il a donné l’ordre audit Mongi Slim d’avertir toutes les cellules des arrestations de certains dirigeants. Il ajoute que cette circulaire ne comportait aucun changement dans les revendications prévues par le Conseil National de 1938 (cote 156).
II déclare que jamais Tahar Sfar, ni Materi – celui-ci avant démission – ne l’ont menacé de le quitter.
Il était appointé par le Parti depuis novembre 1936 (cote 117).
D’après ses dires, il n’aurait appris l’arrestation de Belhaouane par son chauffeur, le 9 avril vers 15 heures; il prétend que Tahar Sfar ne l’a pas prévenu vers 12 heures que Belhaouane avait été convoqué chez le Juge à 15 heures (cote 161).
Il a été tenu au courant des péripéties de l’émeute du 9 avril (lettre de Ben Ahmed à Bahri Guiga, du 13 avril 1938).
Il a laissé imprimer et publier en tant que gérant et dans l’organe du Parti, des articles injurieux ou calomniateurs, que de son propre aveu, il n’a pas fait vérifier, se retranchant derrière le fait que les personnes attaquées avaient le droit de poursuivre le journal en diffamation. Il ajoute que ces articles lui étaient communiqués par les sections et qu’en toute bonne foi, il pensait qu’en leur donnant de la publicité, ils devaient faire cesser ces abus
II déclare, par ailleurs, qu’il prend la responsabilité de tout ce qui est écrit dans «l’Action Tunisienne » (cote 61).
II a porté sur le régime du Protectorat et la politique de la France lés appréciations les plus sévères et calomnieuses (cotes 191, 193, 195, 237, 251 – brochure page 21).
Il a tenu de nombreuses réunions et a prononcé de violents discours, notamment:
30-31 octobre et 1er-2 novembre 1937 – TUNIS : Congrès national. 18 novembre 1937. TUNIS… Organisation de la grève générale du 20 novembre – Poursuite de la propagande au besoin par la terreur -Des malédictions sont faites dans les mosquées contre les abstentionnistes.
Janvier 1938, SOUK EL ARBA : Intime l’ordre à l’agent de l’autorité qui assistait à sa réunion de quitter la salle, et cela en présence d’une foule en délire – Refuse de se rendre à la convocation du Commissaire de Police (l’Action Tunisienne n° 207). RADES : Déclare : « Les mains des gendarmes dégouttent encore du sang généreux des martyrs de lu liberté qui ont été tués sauvagement et massacrés. »
Janvier : février et mars 1938, tournées :
29 janvier Bou Ficha, Enfiaville, Sousse.
30 janvier Monastir.
31 janvier Ouardanine, Mesjed Aissa, Métameur.
1er février Kalaâ Kébira, Moknine, Ksar-Hellal, Sidi Bou-Ali, Hammam-Sousse.
2 février Salmoun, Bordjine, M’Saken, Ouled Ali, Essed.
3 février Mesjed El-Khir, Taieb, Mazdour, Ksar-Hellal, Moknine.
4 février Téboulba. Békalta.
5 février Djemmal, Béni Hassen, Touzah.
6 février Bennan, Bou Hadjar, Ksar-Hellal. Békalta.
8 février M’Saken, Messadine, Béni Kalthoum.
9 février Bordjine.
10 février Lamta. Sayada.
12 février Moknine.
13 février Mahdia, Ksour-Essaf.
14 février El Ahouacha, Rejich.
15 février Ouled Sidi Salah.
15 février Sidi Alouane, Braâda.
17 février Rechercha.
18 février Bou Merdes, Chahda, Sidi Bennour.
19 février Chorbane, Souassi.
20 février Bizerte.
27 février Korba.
1er mars Menzel Témime.
2 mars Soliman, Béni Khalled.
3 mars Menzel Bou Zelfa, Hammam Ghazez.
4 mars Nabeul, Dar Chaâbane, Béni Khiar, Maâmoura, Tazerka
5 mars Hammamet.
11 mars Tunis, Rue du Pacha.
13 mars Tunis.
Au cours de cette tournée, s’est exprimé notamment ainsi :
BOU-FICHA (C. 3) : A déclaré que les terres avaient été arbitrairement retirées aux indigènes, lesquels étaient devenus des esclaves des étrangers, mais que le Néo-Destour travaillait pour la restitution de ces terres.
SOUSSE (C. 4) : Fait la critique du colonialisme et déclare : « Notre lutte est devenue ardue… aucun obstacle ne nous arrêtera. Nous avons déjà prouvé au Gouvernement que nous ne craignons pas le sacrifice. Nous ne devons rien craindre et le peuple doit savoir que la France peut avoir besoin de lui. Nous verrons ce peuple à l’œuvre si le Gouvernement prend des mesures contre les chefs du Destour; il faudra qu’à ce moment vous agissiez tous comme un seul homme. »
MONASTIR (C. 5) : Entouré des scouts, se rend au cimetière sur la tombe d’un jeune homme tué lors des événements de 1933, félicite les Monastiriens qui se sont réunis nombreux devant le marabout de Sidi El Mézeri et qui n’ont pas craint, comme les habitants de Souk El Khémis et de Souk El Arba, les ordres du Gouvernement. Il invite ses auditeurs à aller toujours de l’avant sans rien craindre et à ne jamais reculer.
OUARDANINE (C. 7) : Déclare : « II faut toujours être solidaires et de plus en plus nous unir. Lorsque vous apprenez que je dois venir, quittez vos occupations et venez nombreux me voir. Ne craignez absolument rien, ni prison ni déportation. Voyez les jeunes scouts, ils ne craignent pas la mort et sont prêts à la risquer pour nous. »
METAMEUR (C. 7) : Déclare : « Le Gouvernement s’est occupé surtout de voter de nouveaux impôts. Je vais chercher à les faire diminuer, mais il faut que vous soyez tous derrière moi, et ne craindre absolument rien. Nous avons des Scouts qui sont autour de nous comme de véritables soldats chargés de nous défendre. »
HAMMAM-SOUSSE (C. 8 et 45 à 47) : Déclare : « Le Gouvernement tremble devant la volonté de Bourguiba, appuyé par tout le peuple.» Prononce ensuite des paroles violentes à l’égard de l’État oppresseur, invite ses auditeurs à ne pas avoir peur des punitions, à protester, a obéir aveuglément aux ordres donnés. « Laissez-vous tuer, car on obtiendra la liberté qu’avec du sang. » II dit ensuite : « La Tunisie aux tunisiens. Nos représentants ne sont que des statues (jouets) aux mains des dirigeants Français. Bientôt le grand jour arrivera où nous briserons les liens qui nous attachent à l’État oppresseur. »
KALAA KEBIRA : « La France suce notre sang… Soyez décidés à toujours lutter, à supporter la prison et même à mourir… Ceux qui tomberaient au champ d’honneur, n’auraient fait que leur devoir de vrais musulmans.»
BEKALTA : « II ne faut pas avoir peur des Européens… Si le sang ne coule pas sur la terre tunisienne, jamais nous ne pourrons reprendre notre liberté. »
SOUSSE : « Bientôt le grand jour arrivera ou nous briserons les liens qui nous attachent à l’État oppresseur. »
M’SAKEN : « Les impôts ne servent qu’à payer le tiers colonial et les dépenses de la colonisation… Cette politique porte chez nous la ruine et la misère… Si des sanctions étaient prises à notre encontre, soyez tranquilles, je tiens dans mes mains les musulmans de Bizerte et de Gafsa.» BENI KALTHOUM (C. 15): Reprend les termes du discours de M’Saken et ajoute : « N’ayez pas peur, s’il faut mourir, nous mourrons tous ensemble. Si vous apprenez un jour que je suis expulsé ou envoyé dans le désert, manifestez et ne laissez pas mourir le Destour. »
MESSADINE : Même discours que ci-dessus conseillant aux habitants de ne pas avoir peur et de lutter toujours, même s’ils devaient mourir, ajoutant qu’il était seul responsable.
MOKNINE: «Ne reculez ni devant les gendarmes, sénégalais ou tanks… Il faut savoir mourir pour défendre une idée. »
OULED SALAH : « II faut vous unir pour défendre vos intérêts, vous opposer au départ de vos enfants au service militaire et ne plus payer d’impôt. »
REJICH (C. 18) ; « II ne faut pas craindre les mesures de répression. Notre Parti est trop fort pour qu’il puisse être dissous. »
DJOUAOUDA (C. 23-65) : « Nous sommes sous la tutelle d’une nation qui exploite notre ignorance à son profit. La France nous exploite d’une façon odieuse. Les colons réalisent des fortunes pendant que les Tunisiens vivent dans la misère. »
SIDI ALOUANE (C. 20-24) : « Nos biens sont accaparés par la France pour venir en aide à ses fils qui vivent dans l’aisance, alors que nous, Tunisiens, nous vivons misérablement… N’ayez pas peur, ce n’est que par le sacrifice que nous atteindrons notre but… Soyez nombreux à adhérer au Parti, ce n’est que par le nombre que nous pourrons imposer notre volonté au Gouvernement et que nous obtiendrons notre indépendance.»
BRAÂDA (C. 24) : « L’heure est venue de se réveiller. N’hésitez pas à vous sacrifier pour défendre votre Parti. Les événements de 1934 à Moknine, Tébourba, Ksar-Hellal et tout récemment Bizerte vous prouvent qu’il ne faut pas craindre le sacrifice, mais au contraire imiter ces martyrs. Par l’union et le sacrifice, nous atteindrons notre but, et par mes conseils, nous obtiendrons notre indépendance. Quant aux impôts si vous connaissez leur destination vous refuseriez de les acquitte?! Sachez seulement que les deux tiers de ces impôts sont versés aux colons français… Ne craignez pas l’autorité… Si l’on me jette en prison allez-y, sacrifiez-vous… si l’on vient m’arrêter, manifestez »
RECHERCHA (C. 25-26-64-66-69) : «II faut être solidaires et se sacrifier pour la Patrie. Un jour viendra qui n’est pas loin où nous arriverons à notre but. Si les impôts ne sont pas supprimés malgré notre Parti, c’est vous-même qui imposerez à la France la suppression de ces impôts. N’ayez pas peur des mitrailleuses, ni des canons, ni des avions, marchez toujours de l’avant. »
SOUASSIS (C. 80) : Critique le colonialisme et le rend responsable de la pauvreté du peuple tunisien, dépossédé de ses terres et réduit à la misère au profit de la prépondérance française qui tient le peuple tunisien sous son joug, l’exploite et l’asservit sans cesse. Invite le peuple à la lutte et au sacrifice.
GROMBALIA (C. 29-52-53) – MENZEL TEMIME, SOLIMAN (C. 29) : Critique le colonialisme, qu’il rend responsable de la misère du peuple tunisien.
BENI KHALLED (30-54-55) : Invite les tunisiens à n’avoir peur ni de la mort ni de l’exil, et à ne pas déserter les champs de bataille « sous le regards moqueurs du colonialisme qui ne pense qu’à sucer leur sang pour les anéantir ».
NABEUL (C. 31-49-50-51) : « La France a fait de nous un peuple de miséreux mais nous sommes forts, ne craignez ni les tanks, ni la police, ni les gendarmes. »
MENZEL BOU-ZELFA (C. 75-76) : « Les Français, avant d’envoyer leurs enfants en Tunisie, leur recommandaient d’employer le vol et l’escroquerie, qui étaient pour eux le seul moyen de faire fortune en pays arabe. Les Arabes sont plongés dans le plus profond sommeil. En effet les voleurs opèrent à leur aise grâce à l’appui du Résident Général qui est le protecteur des voleurs. Continuez à manifester, tenez bon, il y aura peut-être des victimes parmi vous, défendez-vous. Ceux qui seront victimes mourront pour la religion musulmane… Ce n’est que par ces moyens que le Résident Général sera obligé à s’incliner devant moi. En 1914, 60 000 des nôtres sont morts au même titre que les Européens et non en terre musulmane. Pourquoi aujourd’hui ne défendrions-nous pas notre Patrie héroïquement? Il faut naturellement que notre sang coule pour obtenir satisfaction. En cas de guerre, ne laissez pas partir vous enfants. Si un jour le Résident Général nous arrête comme 1a fait son prédécesseur, ne vous inquiétez pas, continuez à manifester jusqu’au jour où le Résident Général aura besoin de moi, mais à ce moment-là, nous en profiterons pour jeter les Français à la mer… Profitons de ce que la situation extérieure est tendue pour nous libérer. »
TUNIS, mars 1938 : « II faut user de tous les moyens pour, au premier signal du Parti, créer de l’agitation dans le pays. Organisez des manifestations violentes dans la rue et compromettez de toute façon l’ordre public… Le Néo-Destour joue sa dernière carte et il doit résister, même s’il devait ainsi provoquer l’extermination totale de la population. »
Habib Bourguiba nie d’une façon générale les paroles qui lui sont reprochées, particulièrement celles où il préconise le refus de l’impôt et du service militaire.
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