Lettre ouverte à M. Hubert Beuve-Mery : Directeur du quotidien « Le Monde »

Lettre ouverte à M. Hubert Beuve-Mery

Directeur du quotidien « Le Monde »

 

Afrique-Action, 7 août 19­61

Florence, 30 juillet 1961

…A Bizerte, nous avons assisté à un véritable assassinat collectif auquel s’est livrée pendant quatre jours l’Armée française.

Vos « paras » ont touché le sol à Bizerte avec toute cette cargaison de haine sanguinaire et féroce rancune qui, à travers l’Indochine, le Maroc et l’Algérie, ont déjà fait d’eux la troupe la plus détestée et méprisée du monde.

Des hommes jeunes et âgés de toutes conditions sociales et professionnelles pour partir aider la petite et pathétique armée des patriotes tunisiens.

Le Commandant Gustavo Dolfi Finocchi à Rome, président fondateur du Comité Italie-Maroc, se sont déclarés prêts à rejoindre Tunis pour mettre leurs compétences militaires à la disposition du Président Bourguiba.

« La force ne doit pas continuer à avoir raison de la justice. Si personne en Europe n’ose défendre ouvertement la juste causse des peuples du Maghreb.

Vos « paras », qui comme disait M. Ma Pira, Maire de Florence, personnifient le mal de toute la civilisation occidentale contemporaine et qu’un jour un tribunal international européen devra juger pour leurs crimes contre l’humanité commis « en vote nom, non contents d’avoir fusillé 150 prisonniers tunisiens d’avoir tirer à bout portant contre la foule désarmée, d’avoir assassiné les chefs locaux du Néo-Destour et d’avoir laissé que les « ultras » français de Bizerte tirent sur « les rations » comme dans les villes algériennes.

…France n’a pas hésité pour une question d’orgueil mal placé et de prestige national démodé, à nous rendre hostile aussi le nationalisme modéré des Tunisiens, à éloigner davantage de l’Europe des Six les peuples de l’autre rivage de la Méditerrané.

Attilo Gaudio

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