Lettre ouverte de Soufia Zouhir veuve Salah Ben Youssef
Réalités, 25/2/2016
Après trente deux ans d’exil et de silence, est né un 7 novembre, aux premières heures du jour, quand, par la voix des ondes, nous parvenait l’extraordinaire nouvelle, l’avènement d’un nouveau président de la République en Tunisie : le président Ben Ali prenait en main les destinées du peuple tunisien. Un tournant historique certes, mais et surtout une aube nouvelle chargée d’espérance. A cet espoir, se mêlaient la joie, l’enthousiasme longtemps oublié, et plus encore la foi en un président dont le discours politique a pour devise des valeurs essentielles telles que : Justice, Equité, Intégrité. Cet enthousiasme, nous avons tenu à l’exprimer sincèrement et spontanément, mes enfants et moi-même, dans un message de félicitations adressé le 8 novembre au Chef de l’Etat. Par la suite, je m’adressais moi-même au président de la République, ainsi qu’au Premier ministre dans des lettres personnelles envoyées par l’intermédiaire de notre représentation diplomatique au Caire. Ces deux messages portaient devant les plus hautes instances « l’Affaire Ben Youssef ».
Une réponse verbale me fut communiquée : j’étais la bienvenue en Tunisie, ma situation et mes demandes seraient examinées ultérieurement.
Me voici donc à Tunis avec mes deux fils Chadly et Lotfi, depuis le 22 décembre.
Je tiens aujourd’hui, afin d’éviter toute équivoque, à préciser publiquement les points sur lesquels repose ma démarche auprès des autorités en vue d’un retour définitif de la famille Ben Youssef en Tunisie.
Il est pour moi des principes essentiels sans lesquels toute notion d’honneur et de dignité ne peut être conçue. C’est pourquoi, au nom d’un passé glorieux de militant sincère et dévoué, au nom des sacrifices consentis pour l’amour de la patrie, au nom d’un combat mené sans merci jusqu’à la dernière heure, je demande :
1 – La réhabilitation de la mémoire du militant Salah Ben Youssef et la reconnaissance officielle de l’œuvre accomplie au service de la patrie.
2 – A la lumière de cette réhabilitation, une révision de l’histoire du mouvement national avec les corrections et les modifications qui s’imposent.
3 – Le rapatriement de la dépouille du militant Salah Ben Youssef avec tous les honneurs qui lui sont dus afin qu’il repose aux côtés de ses frères martyrs morts pour la patrie.
Je tiens également, dans ces quelques lignes, à rendre un vibrant hommage au pays qui m’a abritée, l’Egypte, qui m’a reçue dans les moments de désarroi, qui m’a soutenue moralement et matériellement, qui n’a cessé jusqu’à ce jour, de m’entourer de sa sollicitude et de sa bienveillance.
Aujourd’hui, moi, Soufia Zouhir, veuve Salah Ben Youssef, mes fils Chedly et Lotfi Ben Youssef, avons retrouvé avec émotion et beaucoup de tendresse ce beau pays qui est le nôtre, la Tunisie de nos rêves et de nos espérances.
Oui, je l’affirme, nous attendrons sereins et fidèles, attentifs et confiants, le cœur empli d’espoir, nous attendons…
Puisse le Tout Puissant exaucer nos vœux et les hommes de bonne volonté nous redonner la joie de vivre.